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Au-delà des représentations de la Belle Edo: la marchandisation culturelle d’une époque et d’une ville

Il est communément admis que « l’invention de la tradition » est le produit de deux phénomènes conjoints : d’une part l’interventionnisme du gouvernement découlant de la mise en place des États-nations contemporains, et d’autre part, le processus de « marchandisation ». Au Japon, la « marchandisatio...

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Published in:Extrême-Orient, Extrême-Occident Extrême-Occident, 2020-01 (44), p.41-80
Format: Article
Language:fre
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Description
Summary:Il est communément admis que « l’invention de la tradition » est le produit de deux phénomènes conjoints : d’une part l’interventionnisme du gouvernement découlant de la mise en place des États-nations contemporains, et d’autre part, le processus de « marchandisation ». Au Japon, la « marchandisation des traditions » se poursuit à un rythme effréné à l’approche des Jeux olympiques de Tokyo. L’objectif à court terme est d’attirer les touristes étrangers afin de stimuler l’économie du pays et à l’heure actuelle la recherche d’un « patrimoine culturel lucratif » est devenue le moteur de la politique culturelle et économique de la nation japonaise. Au cœur de cette marchandisation se trouve l’époque Edo, considérée comme le berceau d’une culture traditionnelle émanant du peuple. La marchandisation d’Edo qui s’opère à travers la mode vestimentaire, en passant par les romans et films historiques, et qui s’étend jusqu’au domaine du jeu vidéo, tend à présenter une vision unilatérale de cette période, celle d’une société dépourvue de contradictions, à l’origine de ce que nous nommerons « les représentations de la Belle Edo ». Par ailleurs, la construction de ces « représentations » constitue également un moyen pour l’État-nation d’encourager l’intégration d’une conscience nationale chez les Japonais, en les amenant à se détourner des problématiques actuelles pour contempler avec nostalgie les traditions d’une société bienheureuse. Après avoir analysé la genèse et la transformation des « représentations de la Belle Edo », nous examinerons de manière détaillée le projet de réalisation du « district des ressources culturelles de Tokyo » s’inscrivant au cœur d’une série de mesures politiques visant à la transformation du patrimoine culturel en ressources touristiques, et du programme culturel des jeux olympiques ; pour finir nous tâcherons de mettre en évidence de manière concrète les différentes problématiques liées à cette entreprise. Au-delà de la question des Jeux olympiques, il nous semble primordial que les historiens se mobilisent afin de contrer la déferlante du nationalisme culturel suscitée par la marchandisation des « représentations de la Belle Edo ». It is generally accepted that the “invention of tradition” is the product of two combined phenomena : on the one hand, government intervention in the economy resulting from the establishment of contemporary nation-states, and on the other hand, the process of “commodification”. In Japan, the “commodification o
ISSN:0754-5010
2108-7105